Dernière mise à jour le 3 février 2024
C’est une superbe initiative et c’est complet. On en parle tout de même parce que ce n’est pas tous les jours, à l’approche de l’hiver 2023, que l’on a chaud au cœur. Le 21 décembre, la Chorale populaire, la Maîtrise populaire, le Chœur d’Adolescents et la Maîtrise du Conservatoire seront à la Cathédrale de Tours pour deux concerts au profit des sans-abri, à l’initiative de La Table de Jeanne-Marie et de quelques autres.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les nouvelles du monde donnent un goût amer au vin chaud de Noël 2023. Alors, quand une belle initiative se pointe à l’horizon et, qu’en plus, elle fait le plein, on se dit que la magie du vieux barbu n’est peut-être pas aussi passée de mode qu’on le croyait.
Bon, n’en rajoutons pas non plus. Ce n’est pas ça qui va calmer les va-t-en-guerre de tous poils et de tous pays, ce n’est pas ça qui va empêcher trop de monde de dormir dans la rue, comme dirait un politique généreux de promesses en campagne et avare de mémoire au palais, ce n’est pas ça qui va donner un coup de serpillière à l’atmosphère mais, franchement, ça fait sérieusement plaisir.
La chose se passera à Tours le 21 décembre 2023. À la cathédrale Saint-Gatien, mais peu importe le lieu, sinon pour remercier les usagers habituels d’en avoir ouvert grand les portes. C’est là que la Chorale populaire (des amateurs « coachés » par l’Opéra de Tours), la Maîtrise populaire (idem), le Chœur d’Adolescents et la Maîtrise du Conservatoire de Tours seront réunis pour proposer deux concerts de chants de Noël du monde. Au pupitre, David Jackson et Marie Saint-Martin (chefs de chœur à l’Opéra de Tours), avec Vincent Lansiaux (pianiste accompagnateur).
Une table et des lits
On l’a dit, c’est déjà complet. Et c’est certainement ça le plus beau. Les cinq euros payés par chaque spectateur iront dans la cagnotte de La Table de Jeanne-Marie, l’organisation à l’initiative de l’action, pour offrir des chambres d’hôtel à ceux qui ne connaissent que la rue pour dormir. Une association quadripartite puisque créée en 2014 par Chrétiens Migrants, Réseau Éducation Sans Frontière, La Maison de Saint-Martin et Emmaüs.
Une association dont le nom a été choisi en référence à Brassens puisqu’elle vise avant tout, dans ses locaux de la rue Febvotte, à servir des repas aux démunis : « Au centre de Tours, la Table de Jeanne-Marie est une association qui accueille chaque jour les plus démunis autour d’une table chaleureuse, pour partager un repas et les aider dans leur intégration à travers des ateliers. […] Les quatre pieds sur lesquels repose la Table de Jeanne-Marie sont l’accueil, la confiance, le partage et le don. »
D’ailleurs, si vous n’avez pas pu aller au concert, rien ne vous empêche de glisser le prix des billets dans la hotte de Jeanne-Marie, en passant par ici…
Mission déjà respectable, mais qui s’étend au gré des circonstances, ce qui n’est pas simple comme on peut le lire sur son site. La preuve avec la nécessité d’héberger les sans-abri à l’approche de l’hiver, comme le savent trop d’associations. La Table de Jeanne-Marie n’est pas toute seule, regardez autour de vous.
Puisque nous vivons une belle époque où l’État se repose de plus en plus sur les bénévoles pour « faire du social » et sur le privé pour faire de l’argent, la Mairie de Tours ne pouvait que s’associer à l’initiative. Elle a donc pondu un communiqué dont nous nous ne résistons pas au plaisir de vous offrir quelques extraits : « Par devoir mais surtout par humanité [sic], le Maire de Tours soutient [un câlin, une poignée de mains, une tape dans le dos ?] la création de la cagnotte créée par la Table de Jeanne-Marie, en lien avec le collectif Pas d’enfants à la rue, qui permettra de financer des nuits d’hôtel aux familles sans abri. […] Cette action s’inscrit dans la continuité des mesures mises en place par la municipalité [re-sic] pour protéger les personnes à la rue. » Qu’en termes élégants, ces choses-là sont dites.
La ville rappelle qu’elle a « mis à disposition d’un gymnase et mobilis[é] la Croix-Rouge française pour mettre à l’abri des familles en situation de sans-abrisme lors du passage de la tempête Domingos. » C’est bien. Nous, on avait l’impression que c’était la Croix-Rouge qui se mobilisait dans ces cas-là, et pas qu’une fois. L’hiver risque d’être long.
Il faut dire qu’en une période où elles sont de plus en plus nécessaires (voir plus haut), les associations naviguent de plus en plus par gros temps, avec de plus en plus de monde à bord et de moins en moins de coups de mains officiels. Comme La Barque, ce café convivial de la rue Colbert, objet d’un grognement préfectoral pour cause d’agitation bruyante, alors qu’elle n’ouvre que de 9 heures à 14 heures, le temps de nourrir ceux qui ont faim, et que ce sont plutôt des habitués des trottoirs locaux qui se chargent de l’ambiance. Comme disait Georges, les braves gens n’aiment pas qu’on suive une autre route qu’eux.
Mais c’est aussi lui qui chantait :
Chez Jeanne, la Jeanne
On est n’importe qui, on vient n’importe quand
Et, comme par miracle, par enchantement
On fait partie de la famille
Dans son cœur, en s’poussant un peu
Reste encore une petite place…
Et si on faisait une petite place au moustachu et à sa Jeanne entre deux Douce Nuit le 21 décembre ? Ce serait sympa, non ?
À la cathédrale Saint-Gatien de Tours, jeudi 21 décembre 2023 à 18 h 30 et à 20 heures.
Pour tout savoir sur La Table de Jeanne, c’est ICI
