Seb Mellia en tournée
Tout n’est pas perdu  !

Dernière mise à jour le 24 juin 2022

Il s’observe, nous observe et le raconte avec finesse et humour. Seb Mellia est le digne élève de Coluche et Gad Elmaleh, ce qui signifie que son comique n’est ni grossier ni provocateur et, donc, efficace et sympathique. C’est sans doute pour cela qu’il ne perd jamais.

Seb Mellia à l'Espace Malraux de Joué-lès-Tours
Seb Mellia, ou l’art du comique affûté. (Photo Christine Coquilleau)

Pour être francs, à Entrée du Public, on commence à en avoir ras la casquette de cette flopée d’humoristes auto-proclamés qui confondent blague et vocifération, comique et grossièreté. C’est la mode. Tu gueules, tu insultes, tu lâches un max d’insanités et tu as droit à l’étiquette. Eh ben non.

En face, le public rit, comme autrefois Mademoiselle Lelonbec, organiste du couvent des oiseaux, rougissait quand un élève disait « caca-boudin ». « Oh ! c’est pas vrai, il a dit ça ? ». Un peu gêné, le public, pas très fier d’avoir rigolé à une blague que l’on croyait réservée aux chambrées militaires odorantes des années trente. Parce que le rire, c’est parfois incontrôlable, demandez à Bergson (non, ce n’est pas obligé). Cela dit, sans bien comprendre ce qu’il a écrit, on peut lui piquer une phrase : le rire est « quelque chose de mécanique dans quelque chose de vivant ». C’est bien le problème.

Coup de fraîcheur dans le vocabulaire

C’est vrai que l’on peut rire machinalement. Une grossièreté balancée une fois peut faire marrer. Parce qu’elle surprend, parce qu’elle détonne, parce qu’elle vous rappelle votre grand-père, allez savoir. À longueur de one-man-show, ça devient lourdingue, et gênant.

Attention, certains s’en sortent et peuvent sortir les pires énormités sans être vulgaires. Pas un seul mot qui dépasse et ils en disent mille fois plus que les bulldozers de la syntaxe. Ça change tout. Et c’est drôlement plus fort, dans tous les sens du terme. Demandez à Blanche Gardin ou à Gaspard Proust, entre quelques autres, tout de même. Attention (bis) : cela ne signifie pas que l’on doive absolument adhérer à tout ce qu’ils disent. C’est un autre sujet. Nous, on parle de la forme. Point final.

Seb Mellia à l'Espace Malraux de Joué-lès-Tours
Seb Mellia en répétition… (Photo Christine Coquilleau)

Donc, quand on voit arriver un petit nouveau (enfin, n’exagérons rien, il a démarré en 1985, si l’on en croit son enseigne) capable de vous faire rire sans sortir le vocabulaire craspouille de rigueur et qui sait décrypter la société sans la caricaturer à grands coups de poncifs mal dégrossis, on sent comme un souffle de fraîcheur nous titiller les zygomatiques et l’on comprend que tout n’est pas perdu.

Rire entre potes

Merci, donc, à Seb Mellia. Un fan de Coluche, passé par le Jamel Comedy Club, ce qui explique son sens de la répartie et sa capacité à improviser, grand observateur des détails de nos vies (et de la sienne, mais c’est pareil) dont il sort une chronique douce-amère et toujours drôle : «  Le récit drolatique de ses tribulations quotidiennes d’adulte étourdi. » (Le Parisien). Ça vous rappelle quelqu’un ? Oui, Gad Elmaleh, et ce n’est pas forcément illogique. Seb Mellia a gagné le concours que Gad Elmaleh avait lancé et s’est produit en première partie de ses spectacles.

Beau mec, plutôt « réservé » comme on dit dans les salons, jamais grande gueule, toujours nature, Seb Mellia dialogue avec le public, et pas seulement quand il improvise, ce qu’il fait systématiquement. Un effet miroir qui non seulement fait rire mais attire la sympathie : « Difficile de résister à l’humour de Seb Mellia, à la fois authentique, cool et bienveillant. Bref, définitivement le genre de pote qu’on aimerait avoir dans la vie. » (Télérama)

Le reflet de nos vies, mais avec le sourire. (Photo DR)

Seb Mellia sera en tournée avec passage à Joué-lès-Tours en janvier 2021. L’occasion de se faire un nouveau pote, de réfléchir sur son couple (« Je ne savais pas que la crise des sept ans, ça durait sept ans. ») et sur la manière de lui donner une nouvelle jeunesse, de se reconnaître dans le gars paumé dans une session de récupération de points sur son permis, dans celui qui cherche désespérément un préservatif (ça peut arriver), qui s’est fait rouler sur LeBonCoin (mais qui se venge) et autres situations que nous connaissons – presque – tous, mais que nous n’avions pas vues sous cet angle.

La tournée s’appelle Seb Mellia ne perd jamais. Le public, lui, ne perdra pas son temps en allant le voir.

À l’Espace Malraux de Joué-lès-Tours, vendredi 5 février 2021 à 20h30
Réserver en Touraine avec Entrée du Public ICI
…et pour réserver ailleurs en France, c’est LÀ