Dernière mise à jour le 18 juin 2022
Gardons-nous de nous arrêter au titre. Si ce Funambule s’adresse au circassien, c’est à tous les artistes qu’il parle. Un texte magnifique qui sera dit à la Grange-théâtre de Vaugarni le dimanche 15 mai 2022.
Oui, c’est à son amant que Genet parle dans ce Funambule. Un jeune garçon de cirque, apprenti fil-de-fériste, qui sera longtemps son compagnon et toujours son ami, malgré leur séparation, jusqu’à son suicide, entouré des livres de Genet.
Mais, si le contexte a son importance, la lecture (ou l’écoute) du texte montre très vite que Genet s’adresse à tous les artistes (« Comme au poète, je parlais à l’artiste seul. »), quitte la piste du cirque et parle de l’art en général. La preuve avec plusieurs adaptations, comme celle d’Angelin Preljocaj qui en a chorégraphié une version dansée.
Normal, Genet parle beaucoup de danse : « C’est Narcisse qui danse. Mais cette danse qui n’est que la tentative de ton corps pour s’identifier à ton image, comme le spectateur l’éprouve. Tu n’es plus seulement perfection mécanique et harmonieuse : de toi une chaleur se dégage et nous chauffe. »
La mort, c’est simple comme un coup de fil
Danser, donc, sur le fil comme on danse sa vie. Un fil – une scène – sur lequel Jean Genet voit un mort qui danse ; « La Mort – la Mort dont je te parle – n’est pas celle qui suivra ta chute, mais celle qui précède ton apparition sur le fil. C’est avant de l’escalader que tu meurs. Celui qui dansera sera mort – décidé à toutes les beautés, capable de toutes. »
Artiste, hélas
Disparaître pour mieux exister. Se vider de son être pour en être un autre.
« Tu es un artiste – hélas – tu ne peux plus te refuser le précipice monstrueux de tes yeux. » Poétique, philosophique, mélancolique, amoureux, le Funambule de Genet, rebaptisé Funambulerie, sera mis en scène et dit par Pascal Arbeille accompagné au violon par Célia Picciocchi compagnie « L’instant avant l’aube ».