Dernière mise à jour le 13 août 2023
L’Ukrainian Ballet of Odessa dansera un nouveau Lac des cygnes à Tours le 17 janvier 2024. Au-delà de l’aspect artistique, un geste de résistance depuis l’invasion russe en Ukraine.
Pour un artiste, continuer à pratiquer face à la barbarie a toujours été un acte de résistance. On se souvient de Joséphine Baker, un exemple magnifique.
Depuis l’invasion poutinienne d’une partie de l’Ukraine, les artistes, quand ils ne sont pas au front, s’efforcent de continuer leur travail, comme un pied-de-nez au sanguinaire matamore moscovite. Partout dans le pays, des compagnies continuent à monter sur scène, malgré les alertes et les bombardements. C’est ce que vit Harry Sevoyan, le directeur artistique du théâtre d’Odessa (Euronews) : « Plusieurs fois pendant les représentations, il y avait des raids aériens, des roquettes explosaient au-dessus du théâtre. C’était très effrayant, les artistes étaient inquiets. C’était un moment très difficile. Mais après la fin du raid aérien, la représentation a continué.«
Sur la Mer Noire, l’Odesa National Academic Opera and Ballet Theatre continue à afficher un incroyable programme d’opéras, de concerts et de ballets, non loin de la cathédrale détruite. Evgeny Kissin, pianiste sublime (qui fit l’un de ses premiers concerts en France au Château d’Artigny près de Tours, alors qu’il n’était encore qu’un enfant, prodige évidemment), russe d’origine, a dénoncé ces atteintes au patrimoine culturel d’une ville reconnue par l’Unesco ou le Conseil de l’Europe : « En juin 2021, j’ai joué à Odessa, et c’est l’une des visites qui m’a le plus marqué dans ma vie. Les forces armées russes vont jusqu’à bombarder le centre historique, qui est classé au patrimoine mondial de l’Unesco. » (France-Culture). Kissin publie notamment cette photo, celle d’un piano sur lequel Liszt a joué lorsqu’il a donné un récital à Odessa en 1847.
Patriotisme hors frontières
Pour beaucoup, la résistance se fait à travers le monde. Plusieurs ballets ukrainiens continuent à se produire en tournée, portant leur message aux publics étrangers. C’est le cas de la compagnie du Kiev City Ballet, resté en France après le début de la guerre (National Geographic). Ou encore du United Ukrainian Ballet, qui affiche clairement sa position.
En janvier 2024, Tours recevra l’une de ces troupes, en tournée française. L’Ukrainian Ballet of Odessa, repabtisé The Ukrainian Ballet of peace, a été créé en 2006 par Vladimir Troshenko, décédé récemment, danseur formé à Saint-Pétersbourg, notamment par Mikhail Baryshnikov.
La compagnie n’est pas l’un des plus réputées d’Odessa, elle comprend souvent des élèves venus des écoles des Théâtres nationaux de Kiev et de Kharkiv, mais elle est reconnue comme proposant des spectacles de qualité. On reste dans les grands classiques (Carmen, Don Quichotte, La Belle au bois dormant…)
À Tours, c’est l’éternel Lac des cygnes qui sera une nouvelle fois proposée, comme pratiquement chaque année, avec Casse-noisette, Noël oblige ! Les danseurs ne sont pas tous ukrainiens, certains venant de Tchécoslovaquie ou d’Italie. D’autres sont exilés, comme la première danseuse, Olena Pecheniuk, au Monténégro.
Pas d’orchestre au programme mais des artistes motivés : « Ici, nous sommes les voix du peuple ukrainien, nous prouvons que nous sommes toujours debout. C’est un message fort pour le monde entier” dit Viktor Davidiuk, qui interprète le bouffon. (France 3).
Une raison supplémentaire pour applaudir chaleureusement des artistes qui sont aussi le symbole d’un pays martyrisé et héroïque.
Au Centre de congrès Vinci de Tours le mercredi 17 janvier 2024 (20 heures)
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