Dernière mise à jour le 26 septembre 2022
On ne se lasse pas de le répéter (depuis plus de 30 ans !) : Jazz en Touraine est un super festival, et ce n’est pas parce qu’il se situe au-dessus de la zone méridionale de l’hexagone qu’il ne faut pas le ranger aux côtés des Marciac et autres Juan-les-Pins.
Voilà, c’est dit, et il n’y a pas une bribe de chauvinisme là-dedans. Il suffit de regarder le programme (le principal, c’est ICI, le « Off », c’est en bas de page, et ça vaut le coup aussi !) pour s’en convaincre, et s’y rendre du 9 au 18 septembre 2022.
Donc, ça se passe dans la commune de Montlouis, que les étrangers à la région connaissent surtout parce qu’ils en ont lu le nom sur quelque étiquette de liquide vineux, et que les amateurs de jazz connaissent parce que, depuis 1987, leur visite ne les a jamais laissés sur le faim (et, accessoirement, sur leur soif).
Jazz en Touraine, c’est aussi un village, plein de musique et de bonnes choses… (Photo Jazz en Touraine)
Il est sans doute un peu lassant de rappeler quelques noms passés par les rives ligériennes, mais c’est toujours un plaisir. D’autant que la liste s’allonge chaque année et reste digne des plus anciens. Alors, on vous en balance quelques-uns, histoire de vous faire honte si vous n’y êtes jamais allés : Michel Petrucciani, Manu Dibango, Dee Dee Bridgewater, Richard Galliano, Rhoda Scott ou encore Dutronc fils, venu une première fois avec Biréli Lagrène et revenu en tête d’affiche.
Il y en a d’autres, plein d’autres, et l’édition labellisée 36 (celle de 2020 avait mis une sourdine et un masque mais avait tout de même fait donner la musique pendant quatre jours avant une reprise en 2021) va faire saliver pas mal d’oreilles, si l’on nous permet cette image particulièrement osée et peu morphologique.
Éclectique et pas toc
« De l’éclectisme, du caractère, de multiples talents sur toutes les scènes pour un Festival ouvert au plus grand nombre, pour le simple bonheur d’écouter et d’apprécier l’innombrable diversité des couleurs du Jazz et des musiques rythmées » disait l’an dernier Jean-Jacques Filleul, président du festival, jazzophile érudit et passionné, et monsieur sympathique au demeurant.
On peut le croire sur parole, mais on peut aussi en avoir la confirmation en allant se balader sur le programme. Rappelons – toujours à destination de ceux qui ne sont jamais venus… – que ledit programme « officiel » se double de pas mal d’autres concerts sur des scènes annexes, festival parallèle, évidemment estampillé « off ».
Jazz en Touraine ou le jazz à la campagne. Attention, ce n’est pas l’affiche de 2021 ! (Photo Jazz en Touraine)
D’ailleurs, le festival de Montlouis essaime sur seize communes alentour, ce qui doit faire de son « off » la plus large communauté culturelle française. Les concerts en sont gratuits, et, sur l’Esplanade Maurice Cullaz, on peut les assortir de nourritures, certes moins intellectuelles, mais tout aussi satisfaisantes. À noter que la cuvée 2022 passera par la Cave des Producteurs de Montlouis-sur-Loire le samedi 3 septembre et par la guinguette de Saint-Avertin le dimanche 4 septembre, le temps d’un brunch.
Sur les scènes principales de Jazz en Touraine, celles de l’Espace Ligéria et des Magic Mirrors, neuf soirées sont prévues, avec deux concerts à chaque fois. Les cumulards sont bienvenus.
Vendredi 9 septembre
Thomas Curbillon quintet (19 heures) – Magic Mirrors
Un Salvador des bons jours, un Vian qui n’en a jamais eu de mauvais, Aznavour et Nougaro en prime, des chansons françaises, certes, mais qui swinguent, c’est sacrément sympa et séduisant. Thomas Curbillon et ses quatre copains (lui à la guitare et au chant, Alex Gilson à la contrebasse, Quentin Ghomari à la trompette), Antoine Paganotti à la batterie et Simon Chivallon au piano) nous font du bien. Et font ça bien…
Brooklyn Funk Essentials (21 heures) – Ligéria
Un sacré mélange où la poésie côtoie la soul, le jazz, le latino et la house, le tout réuni en « une féroce explosion de funk« . Donc, un mélange explosif qui devrait faire se lever la salle. Des américains qui ont collectionné les récompenses et qui sont allés se scotcher aux génériques de séries célèbres. Si vous croyez reconnaître Starsky & Hutch, les Sopranos, The Blacklist ou The Prince Of Central Park, vous avez raison.
Samedi 10 septembre
Jeb Patton & Dmitry Baevsky quartet (19 heures) – Magic Mirrors
Il est arrivé de Russie avec son saxo sous le bras (et en bouche). Il a rencontré Jeb Patton et son trio. Ils en ont fait un – presque – quartet. Jeb Patton & Dmitry Baevsky vous déversent un miel musical rose comme un film de Jacques Demy… dont ils interprètent aussi les airs signés Legrand, mais pas seulement.
Richard Bona & Alfredo Rodriguez feat Michael Olivera (21 heures) – Ligéria
Sous les auspices de Quincy Jones, Richard Bona et Alfredo Rodriguez se sont trouvés pour produire une musique aux accents cubains et africains. Ambiance garantie et talents haut de gamme.
Dimanche 11 septembre
BAL MAGIC Swing a Blast (11h30) – Magic Mirrors
Des Tourangeaux sur leurs terres mais qui ont dans leurs valises de grands standards et pas mal de perles ignorées à découvrir. Le tout appuyé par un groupe dont les connaissances en jazz garantissent un fond solide et qui est issu de Swing & shout, une structure qui donne des cours de danses et même de claquettes. Et en plus, on casse la croûte et on guinche… De quoi ravir les nostalgiques des Haricots rouges.
Mardi 13 septembre
Isabelle Seleskovitch quintet (19 heures) – Magic Mirrors
Un flash back de rêve vers le chant des plus grandes. Isabelle Seleskovitch y nage en douceur, légère, délicate et fichtrement convaincante. Back to Rome (son dernier album) et retour vers le noir et blanc de la grande époque. « Old fashioned », dit-elle.
Èlia Bastida meets Scott Hamilton & Joan Chamorro quintet (21 heures) – Ligéria
Une castagne entre violon et saxo. Que reste-t-il de nos amours après ça ? Un immense moment de bonheur. Et peut-être l’image de Monsieur Grappelli en prime.
Mercredi 14 septembre
Kimberly Gordon quartet (19 heures) – Magic Mirrors
C’est de famille, chez les Gordon on chante, on danse aussi. Comme grand papa qui se produisait sur des scènes dont les coulisses cachaient quelques gangsters. C’était à Chicago et Kimberly continue la tradition (celle de la musique, pas des gangsters). Décidément, ce Jazz en Touraine joue rétro à fond la note. Pour l’occasion, on lui offre un big band (parce qu’on aime) mais à Montlouis, elle sera en trio.
Django All Star (21 heures) – Ligéria
Avec un nom comme ça, on pourrait s’attendre à un groupe de guitaristes. Mais si les boîtes à manche sont bien là, c’est à côté d’un accordéon, d’une basse et d’un violon. Le tout largement saupoudré de l’esprit du grand Django, of course. Et comme on sait que Jazz en Touraine apprécie le genre, c’est bien parti pour une soirée hommage…. à Gainsbourg ! Surprise…
Jeudi 15 septembre
Michel Korb sextet (19 heures) – Magic Mirrors
Nouveau retour en arrière avec Michel Korb dont le papa a écrit pour des gens que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, ou si peu : Yves Montand, Maurice Chevalier, Édith Piaf, Mouloudji, Henri Salvador, Juliette Gréco, Patachou, Danielle Darrieux. Mais ce sont de bien belles musiques que le fils interprète avec un swing de bon aloi. Ultime précision : le papa s’appelait Francis Lemarque. Pour ceux qui ont plus de vingt ans, ça parle…
Kimberose (21 heures) – Ligéria
Quelque chose nous dit qu’il ne va pas être facile d’avoir une place ce soir-là. Kimberose est une star. La parisienne, « bercée par le gospel, mais aussi par Bob Marley et l’“Adagio” d’Albinoni » (Télérama), qui pourrait être née dans le bronx cartonne, aussi bien chez les amateurs de jazz que les fous de pop. Entrée du public en avait déjà parlé ici lorsqu’elle devait passer à Tours en 2021.
Allez, on vous offre Escape. On se croirait au générique d’un James Bond, ce qui ne veut pas dire que Kimberose copie ses aînées. Même si…
Vendredi 16 septembre
March Mallow (19 heures) – Magic Mirrors
Un hommage à Nat King Cole et Billie Holiday, dit le programme. C’est vrai que le groupe, pourtant sarthois, a respiré l’air des clubs de la grande époque. Et qu’il le souffle avec talent.
Hugh Coltman & Matthis Pascaud quintet (21 heures) – Ligéria
Ils se sont associés pour rendre hommage à Dr Jones, musiciens de la Nouvelle Orléans. Mais Hugh Coltman (chanteur et Anglais) et Matthis Pascaud (guitariste et Français), glissent dans leur jazz quelques notes de rock pur, ce qui donne un résultat à la fois surprenant et séduisant. Chauffe, Matthis, chauffe !
Samedi 17 septembre
Nicolle Rochelle & Hot Sugar Band (19 heures) – Magic Mirrors
Au départ, ils voulaient juste faire danser les Parigots. Mais la sauce a pris et ils ont fini par aller chercher outre-Atlantique celle qui serait leur Billie Holiday à eux. Elle s’appelle Nicolle Rochelle et, si on ferme les yeux (ce qui serait dommage) on se croirait dans un speakeasy comme on les aime.
Electro Deluxe (21 heures) – Ligéria
La Victoire (du jazz) en chantant, mais pas seulement. Electro Deluxe, ce sont sept garcons dans le vent du jazz et trois choristes qui vont – déjà, ils se sont réunis en 2001 – remonter le temps et leur répertoire. Une bande de potes (sans big band) qui dépote, alimentée à « la folie électrique » (Culturebox). À Montlouis, l’automne aura une couleur de cuivre…
https://youtu.be/OGRBj03gdzM
Dimanche 18 septembre
BAL MAGIC Le P’tit Bal Perdu (11h30) – Magic Mirrors
La gafouille en bataille, la bretelle en avant, le mégot en berne, ils sont les rois du caboulot, celui où l’on tourne à coup de petit vin blanc. Ils sont Le P’tit Bal Perdu de la Saugrenue et ils clôtureront le festival, sans doute en s’éloignant un peu du jazz, mais certainement en maintenant l’ambiance pour un bastringue d’enfer avec casse-dalle à la clef (de sol).