Neige de printemps
au Musée de Tours

Dernière mise à jour le 30 mars 2025

Le Musée d’Orsay raconte le climat à travers 100 œuvres. L’une d’elle est au Musée des Beaux-Arts de Tours jusqu’au 16 juin 2025. Une peinture signée Alfred Sisley, impressionniste entêté, Temps de neige à Veneux-Nadon.

C’est une expo qui ne traversera pas l’Atlantique. Au moins tant que Donald Trump sera en mesure de donner des grands coups de gomme dans le dictionnaire. Parce que l’expo qui vaut au Musée de Tours d’accueillir un tableau venu du Musée d’Orsay comporte dans sa présentation un mot inacceptable, absurde, inutile et mensonger : climat. Oups !

Temps de neige à Veneux-Nadon, d’Alfred Sisley, est venu s’accrocher aux cimaises d’une pièce discrète du Musée de Tours (trop discrète ? Olivier Debré s’affiche plus triomphalement à côté) par la grâce d’une opération signée du Musée d’Orsay, musée parisien et ferroviaire comme chacun sait, 100 œuvres qui racontent le climat.

Sisley au Musée de Tours
Le bonheur est dans le détail. (Photo EdP)

Partant du principe que « les musées sont des acteurs essentiels pour rapprocher les publics des grands enjeux contemporains », comme le dit Sylvain Amic, président de l’Établissement public du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie, Orsay a décidé de faire dialoguer un public soumis aux aléas du dérèglement climatique avec la vision météorologique des peintres du passé. Sur place, et à travers une trentaine de musées de province, dont Tours, au nom duquel l’une des conservatrices, Hélène Jagot, a candidaté. Normal, l’an dernier c’est Tours qui a prêté un impressionniste à Orsay.

Le thème permettra, lors de la présentation de l’exposition, à Hélène Jagot de rappeler que, faute de photos, les peintres étaient les seuls à pouvoir représenter le climat de leur temps, et que les scientifiques les ont utilisés depuis longtemps pour repérer l’évolution des forêts ou le déplacement des côtes. Les impressionnistes, par conviction esthétique, en sont l’exemple peut-être le plus frappant. Sur les toiles, on voit le temps qui passe, dans toutes les acceptions du terme, celui des nuages et du vent, mais aussi celui de l’ère industrielle qui arrive (pas mal de trains dans les cadres) et, avec elle, la pollution. Belle occasion pour le maire écologiste de Tours de se lancer dans un exposé légèrement à côté de la plaque, comme aurait dit Nadar, ami des impressionnistes…

Faut qu’ça bouge !

« Impressionnisme » vient du mot « impression », comme l’aurait constaté monsieur de la Palice, et tout particulièrement du tableau Impression, soleil levant, de Claude Monet, bien belle chose maritime s’il en fut. Coup de bol, le Musée de Tours possède un Monet, Un bras de la Seine près de Vétheuil, pas maritime, certes, mais tout de même aquatique. Occasion unique de rapprocher les deux amis, dont les œuvres cohabitent pendant la durée de l’exposition.

L’impressionnisme veut montrer la vérité dans ce qu’elle a de vibrant. Les lumières bougent, les couleurs ne sont pas figées, les ombres vivent. On peint le plus souvent en extérieur, « sur le motif », comme on dit. Oh ! scandale, les traits ne sont plus des lignes, on ne s’applique plus à « reproduire » parfaitement (ce qui aura donné de bien belles choses tout de même), on exprime ce que l’on ressent. Dans la bande des contestataires de la palette, les Cézanne, Degas, Monet, Morisot, Pissarro, et autres Renoir, voire Van Gogh, chacun a pourtant son style. Au fil du temps, beaucoup s’éloigneront des critères initiaux, comme le rappelle Hélène Jagot. Beaucoup, sauf un. Un irréductible british, né et mort à Paris, Alfred Sisley. Nous y voilà.

Sisley au Musée de Tours
Un tableau qui vient du Musée d’Orsay. (Photo EdP)

Sisley regarde ce qui l’entoure, comme d’autres observent inlassablement les nymphéas de leur mare. Sisley, quant à lui, regarde beaucoup son village de Moret-sur-Loing, où il vivra longtemps. Le temps passe, les crues changent le paysage, les saisons aussi. Sisley écrase généreusement ses touches sur la toile, brute, fait varier ses couleurs, éclatantes en été ou en automne, plus grises et bleutées en hiver. Comme avec Temps de neige à Veneux-Nadon, bien sûr.

Coup de patin sur la Loire

Veneux-Nadon c’est aussi une résidence du peintre. Il y arpente les chemins, les ruelles et les champs. La quête bucolique de l’artiste traverse les saisons. La toile exposée à Tours le montre. On pourra lui préférer une version ensoleillée, la trouver peut-être un peu plus terne que le regard de Monet sur un thème plus proche (mais avec rayon de soleil, c’est vrai) mais on ne pourra pas nier qu’il s’agit d’un travail qui justifie une attention profonde. Le bonheur est dans le détail.

Un bonheur que l’on pourra donc partager avec Monet, dont le tableau est empreint de tristesse, puisque peint après la mort de son épouse. Encore une « impression ».

Sisley au Musée de Tours
Il fut un temps où la Loire gelait. (Photo EdP)

Le visiteur – qui pourra en profiter pour faire une exploration complète du musée, ce serait dommage de louper ça – aura aussi la possibilité d’analyser la vision de l’hiver par plusieurs pensionnaires de l’endroit, Jean-Charles Cazin et son Dégel, Andres Orm Österlind et ses Effets de neige ou encore Paul-René Fachet et ses Glaçons sur la Loire.

Parce qu’il fut un temps où la Loire gelait. Les jeunes visiteurs pourront le vérifier, avec étonnement sans doute, en regardant les vidéos d’une époque où l’on patinait sur le fleuve !

Cela dit, on a le droit de préférer le printemps. Comme les impressionnistes.

Au Musée des Beaux-Arts de Tours, jusqu’au 16 juin 2025, tous les jours, sauf le mardi.

Pour savoir comment y aller, c’est ICI (1)

(1) Les suggestions de réservations données par Entrée du public ne sont que des informations destinées à aider nos lecteurs en les dirigeant vers des points de vente susceptibles de fournir les places correspondant à l’article publié.
D’autres possibilités existent, évidemment.
Entrée du public n’effectue aucune vente de billets par lui-même. Pour toute information concernant les places réservées (modifications, annulations…) vous devez vous retourner vers le vendeur auprès duquel vous avez pris vos places.

https://www.instagram.com/entreedupublic/