Dernière mise à jour le 12 juillet 2020
Vingt minutes pour remonter le temps. Le Musée des Beaux-Arts de Tours devient un écran où la Renaissance se raconte.
Il y a presque un demi-siècle, dans une petite pièce aveugle du Musée des Beaux-Arts de Tours, un vieux monsieur très tranquille regardait tourner une bande magnétique tout en poussant précautionneusement de gros potentiomètres.
Dans les jardins, d’énormes gamelles crachaient des faisceaux lumineux incertains sur la façade du monument. Dans les haut-parleurs, une voix douce racontait l’histoire de la ville, avec ce gimmick qui ne s’appelait pas comme cela alors : « Pour avoir de jolies bouches, les jeunes tourangelles répétaient devant leur miroir cette formule : les petits pruneaux de Tours ». Le public était ébloui. On appelait ça un son et lumière, c’était tout nouveau et c’était bien beau.
Renaissance du son et lumière

Cinquante ans plus tard, l’histoire des petits pruneaux de Tours est un peu oubliée (mais pas les pruneaux, heureusement, ni les jolies Tourangelles). Les potentiomètres ont trouvé leur musée pour fuir devant l’informatique, les gamelles du jardin ont été remplacées par des ampoules à leds (et sans doute quelques lasers), le son est numérique et la « lumière » a fait place à des images. C’est beau comme un clip, ça bouge et ça s’appelle… un son et lumière.
Pendant trois ans, le son et lumière estival tourangeau s’est accroché aux gargouilles de la cathédrale. Pas mal et assez logique. Mais quelques voisins au sommeil léger n’ayant pas apprécié, le spectacle a déménagé vers le jardin du musée. Le seul locataire connu étant l’éléphant Fritz, peu de récriminations à attendre (quoique le film La nuit au musée puisse laisser craindre une réaction pachydermique, peu probable néanmoins).
Le nouveau spectacle ne remontera pas jusqu’aux Turons et aux Romains. Il démarre à la guerre de Cent ans pour en arriver à la Renaissance, thème de la soirée. On est en plein dans l’anniversaire de celle-ci, porté par la Région (et un brin snobé par la ville de Tours qui lui a mis Balzac dans les pattes mais se rattrape pour l’occasion).
Les Nuits Renaissance, donc, dans les pas d’un page qui va aller de châteaux en châteaux et de roi en roi, qui croisera Léonard de Vinci (grand ordonnateur de fêtes pour François 1er, comme on sait… si l’on est passé par le Clos Lucé d’Amboise), qui dansera (grâce à la troupe Doulce Mémoire mais aussi à quelques groupes plus électroniques) et découvrira la peinture new-look de l’époque. Onze tableaux que l’on pourra apprécier assis sur les pelouses (protégées, tout de même, comme le séant des spectateurs).
D’ailleurs, si la façade du Musée a pris des couleurs, le jardin et son fameux cèdre ne sont pas en reste et ont droit aussi à leur mise en lumière.