Dernière mise à jour le 4 juin 2022
Ils jouent du tambour debout mais aussi en dansant. Kodō est l’une des plus importantes troupes de taïko, le fameux tambour japonais au rythme hypnotique. Kodō sera au Vinci de Tours le 10 mars 2022
Si vous êtes adeptes de la muscu frénétique mais que vous en avez marre du vélo d’appartement et des relents moites de la salle de sports, le taïko est peut-être une alternative intéressante. Quand on voit la silhouette de ses utilisateurs, on se dit que la quête du biceps d’acier passe peut-être par le Japon, ce qui n’exclue pas la participation d’élégantes présences féminines. Seul inconvénient : vos voisins risquent de ne pas apprécier.
Parce que le taïko est un tambour, généralement de taille respectable, sur la peau duquel on tape avec des bouts de bois ou, plus simplement, avec la main ou le coude, entre autres instruments de percussions. Bref, ça fait du bruit, ça vibre, ça résonne, et pas qu’un peu. Et ça muscle.
Kodō est la première troupe à être venue faire découvrir les charmes de la chose en Europe, il y a quelques années déjà. Les spectateurs en tremblent encore. Il faut dire que la musique relève de l’hypnose… percutante et que le spectacle l’est tout autant.

L’apport du kabuki
Kodō n’est pas seulement une troupe. C’est aussi une communauté artistique, installée sur l’île de Sado (Sadoga-shima, pour se la jouer nippon…) qui s’attache à maintenir les traditions japonaises, tout en communiant avec la nature, ce qui, d’ailleurs, constitue l’essence de son prochain spectacle, Tsuzumi.
Depuis plusieurs années, conscients que s’infuser deux heures de tambourinades peut lasser des oreilles occidentales, les tambourinaires (dadan) de Kodō ont intégré des danses, des chants et d’autres instruments, flûtes ou xylophones, mais surtout une mise en scène confiée à l’un des grands du théâtre kabuki — où le tambour est aussi présent — Tamasaburô Bandô.

C’est lui qui a introduit des couleurs dans les costumes, une construction dramatique du spectacle, et mis en valeur la présence de femmes, non sans adhérer aux principes de la troupe : « Me retrouver parmi eux à Sado, au cœur d’une nature sauvage, m’a replongé aux sources du kabuki, qui se jouait à l’origine à la campagne, dans les milieux marginaux » (Libération)
Parfois, on en vient à se rappeler les prestations de Stomp, sans le délire de la troupe anglaise, certes, dont on a pu apprécier le travail au même endroit il y a quelques mois.
On a sonné
Désormais, avec Tamasaburô Bandô, les athlètes acrobates sont aussi danseurs, partagent les instruments avec des femmes et des tableaux classiques de la danse traditionnelle japonaise apportent des moments de calme avant les tempêtes wagnériennes des taïkos : “Les spectacles de Kodō sont de ceux que l’on prend en pleine figure : une heure et demie durant, dans un lent crescendo, les musiciens percutent des tambours de plus en plus grands, jusqu’au gigantesque odaïko. A son paroxysme rituel, le spectacle laisse les officiants exténués et les spectateurs sonnés. » (Libération)

Vous êtes donc prévenus. Mais vous aurez tout intérêt à vous laisser attirer par les mélodies de Kodō . Art ancestral dans lequel rivalisent les artistes japonais dans des concours ou des festivals, le taïko était originellement destiné à inviter les dieux sur terre pour participer aux cérémonies rituelles. Vous n’allez pas faire la fine bouche, tout de même. D’ailleurs, Le Monde y a vu « Comme un rêve de perfection ». C’est dire !