Thierry Germain, le photographe
qui s’exhibe sur Instagram

Dernière mise à jour le 11 juin 2020

Il a marié pas mal de monde. Mais Thierry Germain ne se contente pas de faire la (les) noce(s). C’est aussi un photographe de talent, que l’on pourra désormais – un peu – découvrir sur Instagram.

Parce que le Château de Tours a eu la bonne idée de partager son amour de la photographie avec le Jeu de Paume, la ville est devenue une référence en la matière. Mais, si découvrir le travail d’André Kertész, René-Jacques, Koen Wessing, Vivian Maier ou Robert Capa est une, excellente, chose, cela n’interdit pas d’ouvrir les yeux sur quelques artistes de la pellicule locale, fût-elle numérique.

Nous avons déjà évoqué le travail de François Tomasi ICI. Aujourd’hui, c’est vers une exposition virtuelle, confinement oblige, que nous dirigeons nos regards. Elle se trouve sur Instagram, on peut la voir en cliquant ICI, et elle met en valeur le coup d’œil de Thierry Germain, un monsieur que nous aimons bien à Entrée du Public.

Entre comptoir et buffets

(c) Thierry Germain Photographe)
Drapée dans un flou presque abstrait. © Thierry Germain Photographe

Dans sa zone d’activité habituelle, il est surtout connu comme (ex)commerçant compétent et affable. On lui accorde aussi la capacité de produire des photos de mariages qui savent associer élégance et originalité, ce qui n’est pas la chose photographique la mieux partagée au monde.

Mais ceux qui le suivent d’un peu plus près (ce qui, avouons-le, n’est pas toujours facile), savent qu’il oublie parfois le comptoir de son magasin et les buffets des agapes matrimoniales pour s’offrir une petite expo ici ou là. Et que c’est toujours un bonheur.

Ce fut, par exemple, le bar des Négociants, modeste estaminet tourangeau, où l’artiste avait ses habitudes et où les clients vidaient leurs verres sous les œuvres d’icelui.

Récemment, c’est un autre établissement, place de la Résistance, qui afficha les portraits de ses clientes, captés avec bienveillance par Thierry Germain.

Cette fois, c’est – peut-être – la notoriété internationale d’Instagram qui l’attend.

Le découpeur de cartes postales

La première qualité de Thierry Germain (outre son humour) est la capacité d’être bon dans de nombreux domaines. Une forme de liberté qui pourrait se traduire par une dispersion artistique dommageable chez certains. Pas chez lui, qui va rendre puissante une promenade dans les rues de New-York, regarder Tokyo différemment des millions de touristes qui l’ont mise en boîte ou regarder un nu avec l’élégance du gentleman.

En permettant d’aller découvrir quelques-uns de ses travaux en ligne, et en attendant qu’il en mette beaucoup d’autres, on comprendra que, si le photographe sait se glisser pudiquement au sein des couples de jeunes mariés, il est aussi capable de faire preuve de personnalité dans d’autres domaines que la roucoulade en robe blanche.

(c) Thierry Germain Photographe)
Le Japon, avec un autre regard. © Thierry Germain Photographe

On le suit notamment au Japon lors d’un voyage dont il rapporte quelques belles cartes postales. Pas de honte à rentrer dans le moule, dès lors que c’est pour en sortir. Si le reportage adopte parfois le style National Geographic, il surprend tout à coup par un choix de cadrage, par l’intuition d’un éclairage qui fait entrer le promeneur dans le domaine de l’art. Thierry Germain découpe les cartes postales pour leur bien.

(c) Thierry Germain Photographe)
Un trait épuré… © Thierry Germain Photographe

Et s’il se tourne vers le nu, en rendant hommage à Jean-François Jonvelle, c’est pour l’aborder avec une finesse du trait que le noir et blanc souligne comme un fusain, parfois comme chez un Doisneau coquin, parfois en rappelant un Jeanloup Sieff libéré de ses excès avant de délayer la couleur dans des flous, forcément artistiques, drapant pudiquement le sujet, qui perdent l’observateur aux frontières de l’abstraction. Cela dit, est-il nécessaire de chercher des références ou des réminiscences ? Non, ce serait dévaluer le travail exposé ici.

Thierry Germain ne montre que quelques-uns de ses travaux sur Instagram (même s’il y a ajouté récement les portraits des Femmes du Valmy, magnifiques). C’est dommage et, puisque c’est la règle, une belle avalanche de « likes » devraient l’inciter à s’exhiber encore un peu plus. Ne vous privez pas d’appuyer sur le déclencheur…

À voir sur Instagram, où vous pouvez vous rendre en cliquant ICI.