Les mots pour le rire
Fallait pas le dire à l’Espace Malraux

Dernière mise à jour le 14 avril 2023

La troupe Arditi entre en piste à l’Espace Malraux de Joué-lès-Tours. La pièce de Salomé Lelouch, Fallait pas le dire, sera jouée par Pierre Arditi (son beau-père) et Évelyne Bouix (sa mère), le 11 avril 2023. Plongée dans la vie de famille, pour rire, mais pas seulement.

Non, Entrée du public n’envisage pas de concurrencer Gala ou People, ce n’est pas le genre de la maison. Mais il est difficile de parler de Fallait pas le dire sans faire un portrait de la famille Arditi-Bouix-Lelouch. Et pour cause, puisque la pièce de Salomé Lelouch parle, plus ou moins directement, de l’ambiance à la maison, que ce sont Pierre Arditi et Évelyne Bouix qui l’interprètent, et que c’est l’auteure qui la met en scène.

Donc, Pierre Arditi est marié avec Évelyne Bouix qui est la mère de Salomé Lelouch, enfant qu’elle a eue avec Claude avant de le quitter pour Pierre, la petite sous le bras. C’est noté ? On passe à autre chose.

Fallait pas le dire, Arditi, Bouix et Salomé Lelouch - Espace Malraux de Joué-lès-Tours.
Fallait pas le dire, une histoire de famille, en scène et en coulisses (Photo : Delphine Goldsztejn)

Resnais, Rossellini et les autres…

Première constatation : tout ce beau monde a du talent. Pour Pierre, on le sait depuis très longtemps, sans vouloir être désagréables. Le monsieur est sublime dans tous les registres, avec un penchant marqué pour l’humour, voire le comique, ce qui ne lui interdit pas de trébucher parfois vers le sérieux, en passant par Molière ou Beckett, mais aussi Roberto Rossellini (Blaise Pascal), excusez du peu. Et quand il accorde tout cela, ça donne l’incroyable Art, de Yasmina Reza, que nous révérons ici depuis longtemps.

Certes, Arditi cabotine, c’est là son moindre défaut. Disons que sa forte personnalité – que l’on adore – ne prend pas pour autant le pas sur son interprétation. Loin de ces comédiens qui jouent leur propre rôle avant d’être le personnage. Comme il le dit avec élégance : « Le talent, c’est comme la merde. Quand on s’approche, on le sent. » À vue de nez, Arditi a dû marcher dedans, du pied gauche, évidemment, celui qui porte bonheur…

Côté talent, Évelyne Bouix est à la hauteur. La liste de ses prestations (cinéma, télévision ou théâtre) est là pour le confirmer. Dans Fallait pas le dire, son caractère pétaradant est le pendant parfait à un Pierre Arditi dépassé par le caractère explosif de sa partenaire.

Quant à Salomé Lelouch, après avoir quitté une carrière d’actrice pourtant bien démarrée (dès le berceau, filmée par son papa, stakhanoviste de la caméra, comme chacun sait, pour Viva la vie !), elle a inscrit à son compteur plusieurs mises en scène et quelques textes. Solide expérience, donc, pour une jeune femme.

La parole est à…

Dans la famille Arditi, on a le verbe haut et le dialogue riche. Que Salomé ait vu (et entendu) cela comme un spectacle derrière son bol de petit-déjeuner n’a rien d’étonnant. Qu’elle ait voulu en faire une pièce quelques années plus tard, non plus. Et ceci pour la satisfaction de toute la famille, qui ne demandait que ça.

Fallait pas le dire, Arditi, Bouix et Salomé Lelouch - Espace Malraux de Joué-lès-Tours.
Arditi jouant Arditi, et Évelyne Bouix en pétroleuse du couple. (Photo Philippe Warrin)

D’autant que la fille de la maison n’est pas en reste. Surnommée Abdallah par Pierre Arditi quand elle était petite, en référence au fils du cheik dans Tintin au pays de l’or noir, elle a nommé sa société P’tite Peste Production. Tout un programme. Ce qui ne l’a pas empêchée d’écrire des textes presque sérieux, dont Politiquement correct, où une femme de gauche est amoureuse d’un homme de droite, pièce qui aura deux nominations aux Molières 2017.

Le style Salomé Lelouch, c’est donc une apparence légère derrière laquelle on dit quelques vérités. Ça tombe bien, c’est le principe même de Fallait pas le dire. Un couple (Arditi/Bouix, on l’aura compris, couple « à la ville comme à la scène selon la formule – trop – consacrée) parle de choses et d’autres, de tout mais pas de rien. On pense évidemment à Smoking, no smoking, le film d’Alain Resnais inspiré de la pièce d’Alan Ayckbourn, ou Arditi avait la vedette, avec Sabine Azéma. Oui, mais…

Cette fois, l’élément féminin de la distribution a une caractéristique que l’on a connue (mais on peut éviter si ce n’est pas le cas) dans la bouche de Jim Carey pour le film Menteur, menteur : elle dit toujours ce qu’elle pense. Un principe, auquel elle tient, et qui va évidemment plonger le mari dans des situations invraisemblables : « J’ai une parole libre et naturelle » dit-elle. « Tu as bien conscience de ce que ta parole bio a provoqué ce matin » constate le mari, un brin effondré.

Comme dit Télérama à propos des deux comédiens : « Leur connivence leur permet d’échanger des coups de griffe avec ce qu’il faut de vacheries et d’autodérision. Tout y passe : la politique, la misogynie, la chirurgie esthétique ou la sexualité. Ça pourrait n’être qu’un divertissement agréable, c’est un peu plus que ça. »

Le rire, et au-delà

De fait, Salomé Lelouch, si elle se fait plaisir avec un dialogue pointu et formidablement bien construit, va au-delà du simple jeu des mots. Si elle se dit « non engagée », contrairement à Pierre Arditi (« J’ai très vite compris que, pour soutenir la cause ou la personne jusqu’au bout, il m’aurait fallu être d’accord avec toutes les modalités du combat. Ce qui m’est impossible. Vient toujours un moment où je vais être en désaccord. Je suis incapable de faire abstraction des contradictions qui se présentent. » Télérama), elle a trouvé « ses modalités de combat » à elle, et deux solides soldats pour monter au front.

Fallait pas le dire, Arditi, Bouix et Salomé Lelouch - Espace Malraux de Joué-lès-Tours.
Les femmes au volant ? Pas de machisme, c’est une femme qui a écrit le texte… (Photo Philippe Warrin)

On rira donc devant Fallait pas le dire, mais on s’interrogera aussi sur l’écologie, l’engagement politique, le voile ou… la trottinette. Et l’on dira toujours la vérité, c’est juré.

Ce qui est amusant, c’est que la dernière fois qu’Évelyne Bouix et Pierre Arditi avaient joué ensemble, un couple déjà, c’était dans une pièce de Florian Zeller, la coqueluche du théâtre parisien (et, maintenant, du cinéma mondial), et qu’elle s’appelait Le Mensonge !

À noter : pour ceux qui auraient loupé le spectacle, il sera diffusé sur France 2 le mardi 18 avril à 21h10.

À l’Espace Malraux de Joué-lès-Tours, le mardi 11 avril 2023 à 20h30.

Réserver à Joué-lèsTours ICI ou LÀ… mais, a priori, c’est presque complet. (1)

Pour réserver ailleurs, c’est LÀ (1)

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