Les Fées du Rhin d’Offenbach
Un recyclage génial et romantique

Dernière mise à jour le 29 avril 2019

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C’est un monument, mais un monument enfoui. Les Fées du Rhin, opéra de Jacques Offenbach, ont été enterrées de leur vivant et il a fallu de véritables archéologues pour ramener l’œuvre à la lumière. Les projecteurs de l’Opéra de Tours l’éclaireront pour l’ouverture de la saison.

Le Kobbé, considéré comme la bible de référence en matière d’opéra, l’ignore superbement, alors qu’il fait une place – méritée – aux Contes d’Hoffman. Sur les scènes de France, on ne l’a pratiquement jamais vu. Créé en 1864… en Allemagne (et donc en allemand), Les Fées du Rhin (donc Die Rheinnixen) n’ont jamais connu la Seine.

Première raison à cela : Offenbach était considéré comme un compositeur « léger » et la confusion des genres n’était déjà pas admise à l’époque. Deuxième raison, la faute à La Belle Hélène. L’opéra-bouffe avait connu un tel succès que son géniteur se devait de produire ce que le public lui demandait : du comique. Il faut bien vivre ! Troisième raison (à confirmer) : des magouilles politico-musicales dans lesquelles Wagner aurait mis sa patte. Pas sympa, le confrère.

Une première “française”

Ainsi, Les Fées du Rhin sont restées dans les tiroirs pendant cent-cinquante ans. C’est à Montpellier qu’elles ont repointé leur baguette, en version concert, lors du festival local de 2002. Triomphe. La pièce – qui dure trois heures trente – est un chef d’œuvre. Tout le monde est d’accord pour trouver la musique magnifique, sans temps mort. Et on s’amuse à repérer ici ou là les « recyclages » glissés par l’auteur. Le Chant des Elfes (entendu dès l’ouverture) deviendra la barcarolle des Contes d’Hoffman, la prière de Gottfried sonne comme la romance du Wolfram de Tannhäuser (pour embêter Wagner ?). Les mélomanes pourront jouer à deviner un clin d’oreille à la Mireille de Gounod ou à deviner la silhouette du Vaisseau Fantôme.

Mais ce serait réducteur d’en rester là. Les Fées du Rhin sont un très solide objet romantique et, si des réminiscences « européennes » apparaissent ici et là, c’est que l’époque était au marché commun musical.

Côté livret, c’est un peu le grand fatras. On y croise une demoiselle dont le chant détruit la vie, des soldats envahisseurs, des résistant(e)s, le tout mélangé avec des elfes et des fées. Un peu confus, certes, mais qu’importe, on a l’habitude. Et une originalité pour finir : tout se termine bien, ce qui est rarement le cas sur les scènes lyriques, comme on sait.

Monter Les Fées du Rhin n’est pas une mince affaire. Seuls les Hongrois s’y sont risqués en début d’année 2018, les Français se contentant de deux versions de concert. À un poil près, le pari osé du directeur de l’Opéra de Tours, Benjamin Pionnier, qui dirigera, tombait pour l’anniversaire d’Offenbach (né en 1819). Joli choix, d’autant que ce sera la première fois que la version française sera donnée, dans l’hexagone, et ailleurs !

Vendredi 28 et dimanche 30 septembre, mardi 2 octobre à l’Opéra de Tours

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