Le Comte de Bouderbala à Saint-Avertin
Le guenilleux qui parle d’or

Dernière mise à jour le 25 janvier 2023

 

Il a été basketteur de haut niveau et il dribble désormais avec les mots. Le Comte de Bouderbala fait le portrait ironique mais plein d’acuité de notre société. Match programmé le 9 novembre 2022 au Nouvel Atrium de Saint-Avertin (Indre  & Loire.)

Au milieu des comiques version Kalashnikov, le Comte de Bouderbala détonne. Plus observateur que vociférateur, il porte, au moins à ses débuts, un regard affûté sur notre univers, toujours moqueur (c’est son mot) plutôt que justicier du stand-up. Ses portraits, quelle qu’en soit la cible, sont souvent dessinés avec une certaine légèreté. Pas toujours. Mais, si son sketch sur les roms a pu gêner, c’était sans doute plus par maladresse que par véritable méchanceté.

Le Comte de Bouderbala au Nouvel Atrrium de Saint-Avertin (Indre & Loire)
« Moqueur » ou « déglingueur », M. le Comte ? (Photo DR)

« Comte » parce que né et vivant à Saint-Denis (« Où se trouvent les tombeaux des rois de France », rappelle-t-il,) et de « Bouderbala » parce qu’en arabe cela signifie « guenille ». Sami Ameziane est donc une sorte de « roi des gueux » impertinent, comme il en existait au Moyen-âge. Un « aristocrade » pour reprendre son expression. Il sera au Nouvel Atrium de Saint-Avertin le 9 novembre, avec la version n°3 de son spectacle, les précédentes s’étant arrêtées à Tours du côté du Vinci.

D’origine kabyle, il dit être « le seul arabe qui a hérité d’une tête de portugais et d’un corps de turc ». Ce qui signifie que l’homme aux yeux bleus est plutôt costaud. Logique puisque, bien avant de monter sur scène, celui qui n’était pas encore « le comte » a arpenté les parquets du basket français de haut niveau (il a commencé minime au PSG) et américains (à l’université du Connecticut où il a fait des études de commerce). Une blessure lui fera abandonner le ballon pour le micro.

Après Robin Williams et Jerry Seinfled

Sami a un copain d’enfance qui va l’inciter à se lancer dans le one-man-show. Il s’appelle Grand corps malade, dont il fera la première partie. Désormais intronisé comte, Sami fera le portrait de notre époque avec une acuité et un sens du détail réaliste convaincants. Il parle de sa vie, des États-Unis, du racisme, du rap en évitant, dans ses premières prestations, la provocation gratuite et la vulgarité racoleuse.

Ses premiers pas sur scène se feront Outre-Atlantique, après quelques apparitions au Jamel Comedy Club. Puisqu’il parle anglais, autant en profiter pour faire ses classes sur des scènes qui ont vu débuter quelques pointures comme Robin Williams, Dave Chappelle ou Jerry Seinfeld.

Le Comte de Bouderbala au Nouvel Atrrium de Saint-Avertin (Indre & Loire)
Spectacle opus 3 pour le patron du Caveau de la République. (Photo Renaud Corlouer)

Après quelques années américaines, il revient en France en 2010. C’est d’abord le théâtre du Gymnase qui le reçoit, puis l’Alhambra. Et comme on n’est jamais si bien servi que par soi-même, il a racheté le célèbre Caveau de la République qui va lui permettre de se produire chez lui mais aussi d’y accueillir ses confrères, sur une scène qui est considérée comme le berceau des comiques et des chansonniers français. Son premier one-man-show européen s’appelle… Le Comte de Bouderbala. Il le jouera pendant neuf ans, devant plus d’un million de spectateurs, aime-t-il rappeler, et deux millions si l’on ajoute le deuxième spectacle !

« Une approche neuve de la pignolade »

Passé un peu par le cinéma (pas terrible, il le reconnaît lui-même dans le spectacle), il est revenu sur scène. Peu enclin à se creuser le ciboulot pour les titres de ses spectacles, il rajoute juste un chiffre à la fin. C’est donc la version 3 du Comte de Bouderbala qui sera visible au Nouvel Atrium. L’occasion de vérifier que, depuis 2010, il est toujours « l’homme le plus drôle de France », comme l’écrivaient les Inrocks, avec un « peut-être » tout de même : « Le Comte, c’est une version déterritorialisée de l’humour, jamais communautaire, qui emprunte autant à Fellag qu’à Desproges, avec en sous-main la bonhomie de Coluche. » disait le journal, plutôt fan du comte, comme on voit.

Le Comte de Bouderbala au Nouvel Atrrium de Saint-Avertin (Indre & Loire)
Du beau monde pour son passage au cinéma, mais un résultat plus que mitigé. (Photo DR)

La question est de savoir si l’analyse de l’époque (« Ce qui transparaît chez ce Comte de Bouderbala, c’est une approche neuve de la pignolade, débarrassée des oripeaux de l’humour à la française (sketchs, personnages) mais pas non plus gaga devant les vannes calibrées à l’américaine. »), signée des Inrocks, tient toujours.

Pas pour tout le monde, apparemment, certains accusant le comte d’être tombé dans la spirale du « plus tu cognes, plus t’es drôle ». Un concept de plus en plus partagé, mais pas forcément par le public, même si la loi du nombre continue à remplir les salles : « Mouais… Autant j’avais vu le premier spectacle au théâtre, c’était plutôt bien à l’époque, autant là j’ai eu de vrais moments de gêne à le regarder » dit un spectateur de Sens critique.

Apparemment, Télérama a été du même avis, après avoir pourtant applaudi le retour du comte sur scène, toujours à propos de la version n°2 du spectacle. Une critique que l’humoriste n’apprécie pas. À la manière des politiques qu’il dénonce dans son spectacle, il est le premier à défoncer les analyses qui ne lui plaisent pas : « C’est toujours facile… C’est la société ou le gouvernement qui sont vulgaires, l’érotisme des uns est la pornographie des autres. La vulgarité, c’est exactement la même chose. Je prends moins de pincettes parce que les gens me suivent et, à ma manière, je traduis un certain ras-le-bol » dit-il dans Paris-Match. C’est vrai qu’il dit aussi : « Ce que je raconte a de l’écho car il y a toujours une pensée politique derrière un spectacle. » S’il le dit…

Petit avant-goût du spectacle numéro 3

Donc, le papier de Télérama qui dérangeait l’artiste, c’était à propos du tome 2. Pas rancunier, le magazine apprécie mieux le troisième avatar : « C’est avec plaisir que l’on retrouve son humour pêchu, entre improvisations savoureuses, jeux de mots « aristocrasseux » et observations sur l’état de notre société » est-il écrit. Quelque chose nous dit que, cette fois, le Comte de Bouderbala ne va pas piquer une grosse colère.

La critique, c’est comme la tarte à la crème. Il faut savoir déguster…

Au Nouvel Atrium de Saint-Avertin (Indre & Loire) le 9 novembre à 20h30.

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