La Compagnie Interligne
continue en beauté à Vaugarni

Dernière mise à jour le 7 mars 2020

Elles nous refont le coup du Cabinet de curiosités. Mais, cette fois, ce sont les mots que les comédiennes de la Compagnie Interligne passent à la moulinette de l’absurde. On se pose des questions, on a quelques réponses. Et on rit. Ce qui est encore le meilleur moyen de se faire du bien. La Beauté, recherche et développements, à Vaugarni, le 1er mars 2020.

Quand on connaît la Compagnie Interligne, son goût de l’humour absurde, son féminisme malin, ses comédiennes capables du plus sérieux comme du plus déjanté, on comprend que Christine Mariez et Emmanuelle Trégnier aient flashé sur le texte de Florence Muller, La Beauté, recherche et développements.

Un texte que l’auteure (ou autrice ? C’est moche, non ?) a écrit avec son complice habituel, Éric Verdin, et joué elle-même au Théâtre du Rond-Point, avec un solide succès et des commentaires plus que flatteurs : « C’est l’un des spectacles les plus insolites, les plus audacieux, les plus drôles du moment » (France Inter), « Entre éclats de rire et émotion, on sent une onde de bonheur nous envahir et nous réconforter » (Pariscope), etc.

Un nouvel idéal

La Compagnie Interligne continue en beauté à Vaugarni
Pas encore d’images de La Beauté, recherche et développements. Là, c’était Emmanuelle Trégnier, dans « le Cabinet de curiosités », autre parcours loufoque de la compagnie. (Photo Compagnie Interligne)

C’était en 2013 et on en arrive à se demander si Florence Muller n’a pas inspiré ses consœurs d’Hollywood, quand on se rapporte à l’origine de son travail : « Il y a quelques années, on m’a conseillé de me faire retoucher parce que je commençais à faire mon âge et moi, bêtement, j’avais oublié qu’une actrice, ça ne doit pas vieillir. Surtout si c’est une femme. Ça m’a donné envie d’écrire sur la beauté » dit-elle. On dirait du Nicole Kidman.

Écrire sur la beauté, d’accord, mais comment ? Puisque, depuis Platon, la philosophie (masculine, c’est vrai) s’est penchée sur le sujet, Florence Muller aurait pu se prendre au sérieux. Pas son genre. Elle a choisi de travailler sérieusement la question, mais en faisant rire (oui, on sait, Bergson aussi a parlé du rire et ce n’était pas très marrant).

Il en ressort donc une balade drolatique basée sur ce principe : « Si notre société ne veut plus voir ni la maladie, ni la vieillesse, ni la mort (parce que ce n’est pas beau, n’est-ce pas, parce que c’est moche), alors la Beauté constitue une injonction à laquelle chacun doit se plier, et aussi, bien entendu, le nouvel idéal absolu vers lequel chacun se doit de tendre, créant ainsi davantage d’inégalité et d’injustice. »

Dérapages et imprévus

Décidées à « pousser le raisonnement jusqu’à l’absurde », les auteurs ont inventé une promenade foldingue dans différents lieux qui sont autant de symboles de la beauté, sans craindre « accidents, dérapages et imprévus ». Promenade guidée par deux professionnelles de la profession, « cabossées » dit-on, qui vont embarquer leur groupe (le public) dans un stage au fil d’un « certain nombre de salles, de couloirs, mais aussi de prairies, de précipices, de périls et de refuges, qu’elles traversent avec plus ou moins de bonheur ».

La Compagnie Interligne <br> continue en beauté à Vaugarni
Jouer avec les objets ou avec les mots ? Une habitude pour la compagnie Interligne. Ici, Christine Mariez. (Photo Compagnie Interligne)

Que les comédiennes de la Compagnie Interligne aient enfilé le costume de guides/conférencières, c’était logique. On entend dans le texte les échos de Pierre Desproges, certains voient dans les deux maladroites de service des Deschien(e)s et cette découverte de lieux étranges et disparates rappellera aux fidèles de la troupe certain Cabinet de curiosités où Interligne détournait les objets pour le plus grand bonheur zygomatique de l’assistance.

Pour réfléchir avec le sourire (et plus si affinité), il faudra se rendre à la Grange-Théâtre de Vaugarni (pour le Petit Faucheux, c’est trop tard).

Une première étape du parcours qui, elle, ne décevra pas.

Dimanche 1er mars à 16h30, Grange-théâtre de Vaugarni à Pont-de-Ruan.
Pour réserver :
Théâtre de Vaugarni : 02 47 73 24 74
www.vaugarni.fr
www.facebook.com/GrangeTheatreDeVaugarni/