Dernière mise à jour le 3 octobre 2023
Monter un concert avec Sting devant le château de Chambord, ça paraissait tellement dingue que l’on a cru à un « one shot ». Eh bien non : AZ Prod, la société tourangelle organisatrice, récidive. Le 8 septembre 2023, c’est Imagine Dragons qui occupera le terrain. Un autre genre, mais une fois encore, il va y avoir du monde aux guichets…
D’accord, ce sera certainement moins « intergénérationnel » que Sting, comme le prédit Julien Lavergne, la patron d’AZ Prod, la société qui organise l’événement. Mais le génial inventeur de l’idée n’est pas inquiet. Avec Imagine Dragons, le « sold out » de 2022 a toutes les chances de se reproduire.
L’annonce officielle a été faite le 25 novembre 2022, à 10 heures pétantes, ce qui nous permet de l’annoncer dans la foulée. On est peut-être même les premiers au monde à le faire (on a le droit de rouler des mécaniques, non ?). Donc, si vous voulez avoir votre carré de pelouse royale le 8 septembre 2023, il est urgent de ne pas attendre. D’ailleurs, comme d’hab’, on vous donnera un lien vers un site de réservation en bas de cet article dès que la vente sera ouverte.
Qui veut gagner des millions ?
Imagine Dragons, pour ceux qui ne connaissent pas, s’il y en a, c’est un groupe qui traîne quinze millions d’abonnés à sa page Facebook. Ceci, juste pour avoir une idée du phénomène.
C’est aussi un groupe, américain, qui va inscrire Chambord au sein d’une tournée européenne dont tout indique qu’elle va faire le plein.
C’est aussi le groupe le plus « diffusé » dans le monde (à l’heure où nous écrivons, Spotify annonce qu’ils sont diffusés plus de trente-sept millions de fois chaque semaine sur le site), ceci expliquant cela.
Encore un bout de stats ? Leur série dystopique, Radioactive, est restée quatre-vingt-sept semaines dans le top 100, record mondial. Et quand un de leur disque ne se vend « que » à un million d’exemplaires (Smoke and mirrors), ils sont déçus. C’est dire.
Si vous voulez plus de vidéos, c’est sur le site officiel.
Célèbres inconnus ?
Imagine Dragons est né à Las Vegas en 2008. Une bande de copains d’université se lance, sous l’égide du chanteur, Dan Reynolds, avec en prime un pote venu de Berkeley (option musique), Wayne Sermon. On est à Vegas, donc on tourne dans les casinos… et quelques bars. Il ne faudra pas attendre très longtemps pour qu’un producteur remarque le quatuor. Reynolds, Sermon, Daniel Platzman et Ben McKee enregistrent quelques EP. Le premier s’appelle… Imagine Dragons.
Le premier album sort en 2012. C’est Night Visions. C’est aussi la confirmation d’un succès déjà reconnu et la porte ouverte vers leur première tournée mondiale. Cette fois, c’est parti, et bien parti.
Pourtant, le paradoxe veut que, malgré leur succès, Imagine Dragons reste « peu connu », au sens où peu de monde est capable de mettre un nom sur leurs visages et inversement. On est loin des Stones ou des Beatles, si l’on fait un retour historique : « Ils ont réalisé tout cela en maintenant un degré d’anonymat presque enviable. Ce n’est pas un succès fondé sur une image saisissante, un charisme ineffable ou une image visuelle frappante. » (Le Guardian)
Si vous voulez passer le temps en attendant le début du concert, vous pouvez visiter le château, c’est bien, et jouer aux anagrammes, c’est une habitude avec Imagine Dragons.
Parce que beaucoup se demandent d’où sort ce nom bizarre, et le groupe entretient allègrement le mystère, allant même jusqu’à donner des indices sur Instagram. D’où les anagrammes. Pour ceux qui ne sauraient pas, un anagramme est un mot ou une phrase dont on change l’ordre des lettres pour en reconstituer un ou une autre.
Donc, si vous prenez Imagine Dragons (et que vous parlez un poil anglais, mais ce n’est pas une obligation), vous pouvez, par exemple, arriver à « Ragged Insomnia, dont certains pensent que c’était le nom originel du groupe.
C’est la réponse la plus souvent donnée, NRJ rappelant que « Ragged Insomnia » ferait allusion aux insomnies que combattrait le chanteur. Ces mots apparaissent également dans le clip de la chanson On the Top of the World ».
À vous de jouer.
Peut-être le fait que leur notoriété soit passée par divers canaux explique-t-il cela. Pour leur chanson Radioactive (première piste de l’album Night Visions, donc), c’est sa présence sur des pubs, dans des films, des séries (Arrow) ou, carrément, dans des bandes-annonces qui lance le titre. Celle du jeu Assassin’s Creed y est pour beaucoup.
Tant mieux s’ils peuvent partir en vacances peinards. Restent les concerts, et, là, on change d’univers.
To be or not to be a rock group
Être des stars ne signifie pas être adulés universellement. Considéré comme un groupe « pop-rock » en général, « alternatif » souvent, avec des passage dans l’électronique, Imagine Dragons fait grogner les puristes du rock, au point que certains journaux posent la question : « Pourquoi certaines personnes n’aiment pas Imagine Dragons ? », alors que d’autres trouvent cela « so cruel ».
Réponse : pour certains, Imagine Dragons n’est pas un groupe de rock, change trop souvent de style, fait de la frime plus que de la musique, et surtout pas du rock. Exemple sans concession : « Les paroles du groupe ont été fortement critiquées comme étant une composante de dictons inspirés et de glapissements pseudo-théâtraux. » (Popoptic) Et pour donner le coup de grâce, certains comparent leur rythmique à celle de Taylor Swift. Désolés pour ceux qui apprécient les deux, mais nous ne prenons pas parti, c’est juré.
Heureusement, ces mauvais coucheurs sont minoritaires, ce qui n’étonnera personne. Les Canadiens l’ont compris : « En tant que porte-flambeau du rock moderne dans une mer de pop, de rap et de têtes d’affiche d’arène, les Imagine Dragons sont des candidats inattendus, mais ils ont passé deux heures sur scène pour prouver qu’ils en étaient dignes. Leurs chansons n’ont peut-être pas le croustillant du rock classique, mais elles sont construites pour l’échange, avec des claquements de mains, des tapements de pieds et des accroches répétées à tout bout de champ. » ou encore : « Reynolds est un prédicateur en baskets blanches et pastels, qui imprègne sa performance de tant de sincérité et d’adrénaline qu’elle est à la fois captivante et non provocante. Le frontman n’a jamais cessé de faire de la gymnastique sur scène, sauf pour s’agenouiller de temps en temps, et il a marché dans la foule pour se baigner dans l’adulation. » (Gazette de Montréal)
Et comme dit un fan : « Ils n’ont rien fait de mal, ils font juste de la musique comme tout le monde. Il y a des artistes qui ne travaillent même pas dur sur leur musique et qui reçoivent tout cet amour. Imagine Dragons a un réel amour pour ses fans. Ils ont fait plus que des tonnes de célébrités n’ont jamais fait. Ils ne sont pas banals. Ils sont juste originaux, ils sont uniques. […] Ils sont plus que de la musique, ils ont fait tellement pour les gens… » Des « gens » qui sont généralement plus de dix-mille à chaque concert. À Nancy, en 2018, ils étaient 25.000 dans les gradins. Ce n’est qu’un exemple.
La sincérité qui touche
Côté scène, pas de doute, on sait que l’on joue du rock. D’ailleurs Dan Reynolds rend hommage à Kurt Cobain et à Nirvana : « Je dis que je n’écoute pas de rock mais j’ai vraiment écouté Nevermind. Je suis un enfant des années 90. Rien ne m’a fait me sentir bien comme ce disque. C’était un de ces disques qui signifiaient tellement pour toi que tu avais l’impression d’être ami avec Kurt. » (Binnews)
Parce que « se sentir bien », Dan en a besoin. Il n’a jamais caché qu’il était passé à travers plusieurs dépressions. Il en parle sur scène, essaie de donner du courage à ceux qui en souffrent, et le public lui en sait gré. Même approche généreuse, quoique parfois un peu naïve, dans les paroles des chansons. « Pourquoi ne peux-tu pas simplement être mon frère ? Pourquoi devons-nous nous entretuer ? », ça parle à tout le monde, et ça ne peut pas faire de mal.
Côté musical, ceux qui reprochent au groupe son manque d’inventivité et l’accusent d’être « une machine à tubes » se vautrant dans « la pop mainstream » vont peut-être changer d’avis quand ils entendront les nouvelles productions d’Imagine Dragons, bien décidé à secouer les indécis en cassant les codes : « On est même étonné de voir le chanteur Dan Reynolds s’aventurer en terre quasi grunge sur Dull Knives, poussant ses cordes vocales dans leurs derniers retranchements. L’émotion passe sans filtre, il faudrait qu’il explore ces chemins-là plus souvent. » (La Presse)
Pour y arriver, le groupe s’est entouré d’un floppée de producteurs et d’auteurs de haut niveau : « Des franc-tireurs d’avant-garde comme Sam Smith, Cheryl Tweedy, Selena Gomez et la redoutable auteure électroacoustique Ellie Goulding. […] Et ça fonctionne. La chanson Digital utilise de façon inattendue un breakbeat de drum’n’bass, même si le contenu d’Origins reprend quelques clichés : guitares inspirées de reverb-heavy, échos vocaux aigus entendus sur Sorry de Justin Bieber… » (The Guardian)
Gageons qu’aux yeux – et aux oreilles – de beaucoup, ces critiques feront plutôt office de références. D’ailleurs, comme on le lit dans Popoptic, sous le titre Tous les métalleux détestent-ils Imagine Dragons ?, la réponse est définitive : « Certainement pas. Si vous passez du temps comme moi à lire de nombreux forums, vous trouverez des fans de rock purs et durs qui soutiennent Imagine Dragons. » Décidément, le groupe fait dans l’œcuménisme musical élargi.
Et le spectacle, alors ?
Donc, un répertoire qui évolue. Auquel, c’est aussi la marque de fabrique d’Imagine Dragons, il faut ajouter un sacré spectacle. Devant le fond de scène renaissance du Château de Chambord, il faut s’attendre à un déluge d’effets lumineux et pyrotechniques, non sans oublier une pluie de confettis.
Et il est sûr que le public n’aura pas besoin de chaises : « Le public n’est pas resté assis très longtemps. Dès les premières notes du deuxième morceau, Believer, les gens ont sauté debout pour ne — presque — plus jamais retomber sur leur siège » raconte un journaliste, qui continue : « Imagine Dragons a ainsi rapidement marqué le ton du spectacle. À la cinquième chanson, on pouvait déjà affirmer que la formation allait donner dans la pluie de confettis, les jeux de lumière puissants, les vidéos léchées — qui rythmaient à merveille le spectacle — ainsi que dans les jets de fumée. Et à la sixième, Dan Reynolds n’avait plus de chandail » raconte Le Soleil de Québec, en version originale. Pour « le chandail », c’est logique. Dan Reynolds adore jouer les Freddie Mercury…
Après la pureté presque ascétique de Sting en 2022, il semble que la cuvée 2023 s’annonce particulièrement pétillante. On va encore avoir du mal à sortir des parkings…
Dans les jardins du Chateau de Chambord (Loir-et-Cher), le 8 septembre 2023.
Une prévente ayant été expédiée en une heure le 30 novembre ( !), les ventes classiques devaient commencer le jeudi 1er décembre 2022 à 10 heures. Malheureusement, après trois heures à peine, on annonçait un « sold out ». Tentez le coup tout de même !
CP - accessibilité
Pour réserver à Chambord, c’est ICI (1)
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(1) Les suggestions de réservations données par Entrée du public ne sont que des informations destinées à aider nos lecteurs en les dirigeant vers des points de vente susceptibles de fournir les places correspondant à l’article publié.
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